Lettre de Veille Economique Agricole spéciale Marchés 2022
Publié le 06.01.2023
Bilan 2022 des grandes filières agricoles
À l’heure où nous n’avons jamais autant parlé de souveraineté alimentaire, où nous avons pu constater les effets du changement climatique quelle que soit la région française, l’année 2022 aura été marquée par une forte augmentation des prix et des coûts, touchant la hiérarchie des marges dans la plupart des filières, à l’amont comme à l’aval. Ces événements ne constituent pas en eux-mêmes, une rupture avec les tendances annoncées, mais in fine mettent en lumière que nos repères ont changé et qu’il est nécessaire de s’adapter pour y faire face.
Cette hausse des prix, boostée par l’inflation actuelle en sortie de crise de la Covid-19, touche les consommateurs, bouleverse leurs habitudes et tend à resserrer la hiérarchie des gammes (circuits courts, segmentation…). La grande distribution, mue par le traumatisme de rayons vides en 2022, a bougé sur le dogme des prix alimentaires les plus bas, pour préserver son approvisionnement régulier.
Les relations entre les différents maillons des filières sont également bouleversées. La sanctuarisation des prix des matières premières agricoles instituée par la loi Egalim a conduit les industriels à transmettre à l’aval les hausses des cours inédites, sans pouvoir toujours faire passer les hausses liées à leurs propres coûts de transformation et d’emballage.
Ce contexte, faisant perdre de nombreux repères, a permis pour une fois aux producteurs de tirer globalement leur épingle du jeu en 2022 : envolée du prix des commodités sur le marché mondial, répercussion des prix au producteur pour le milieu de gamme transformé (effet Egalim2). Cette hausse sur les produits standards a également joué un rôle d’amortisseur pour les segments différenciés touchés par la conjonction d’une baisse de la consommation et de l’augmentation régulière de l’offre, en assurant un marché de dégagement sans forte perte de valeur. Il n’en demeure pas moins que les exploitants doivent se réapproprier leurs repères quant à leur besoin de fonds de roulement, la gestion des stocks fourragers et leur stratégie d’achat.
Changement climatique, souveraineté alimentaire réactivée par le contexte géopolitique et énergétique amènent de nouvelles réflexions et stratégies à mettre en place dans la plupart des filières, de manière coordonnée entre les différents maillons de la chaîne de valeur (résilience, gestion de l’offre, marchés de proximité…).
par Xavier BEAUFILS
Directeur Général, Cerfrance Normandie Ouest