Médecin libéral : s’adapter pour mieux travailler
Des inégalités qui s’accentuent
Si les médecins ayant déjà atteint l’âge du départ à la retraite continuent d’exercer, leurs efforts ne permettent pas de compenser tous les manques. Le vieillissement de la population tend à augmenter les besoins de soin et aujourd’hui, 8 millions de personnes vivent dans des déserts médicaux soit 2 fois plus qu’en 2018. Cela est principalement dû au fait d’une présence disparate selon les territoires. Certains départements attirent plus que d’autres et le phénomène s’accentue car la transmission est d’autant plus difficile qu’il y a peu de médecin alentour : au 1er janvier 2023, pour 100 000 habitants, la densité de médecin était de 888 à Paris, 196 en Seine-et-Marne et de 174 dans l’Ain. Ainsi, en moyenne, les écarts de densité entre départements varient de 1 à 3 pour les médecins généralistes.
Autre élément qui a son incidence sur la dynamique de la médecine générale, les différences de rémunération : en moyenne, un médecin spécialisé est rémunéré 25% à 100% de plus qu’un médecin généraliste. La profession revendique une meilleure reconnaissance du métier, notamment via une augmentation de la rémunération des consultations et la possibilité de dédier davantage de temps au patient.
Face à l’insuffisance de professionnels, la charge de travail des médecins en place tend à s’accroitre et le nombre de consultations par jour peut parfois dépasser 40 avec des incidences sur l’équilibre vie personnelle/vie professionnelle.
Le développement des maisons de santé pluridisciplinaires MSP
Certains médecins choisissent de se tourner vers le collectif notamment à travers des maisons de santé pluridisciplinaires (MSP). Celles-ci qui peuvent être plébiscitées par les collectivités territoriales pour consolider une offre de proximité pour leurs concitoyens. locales : le nombre de MSP est passé de 943, en 2019 à 2 251, en 2022 et le nombre de médecins généralistes en MSP a pratiquement doublé pour atteindre 8 200 médecins et 31 800 professionnels de la santé tous métiers confondus (Rapport HCAAM 2022). L’état vise même un objectif de 4 000 MSP en 2027.
Le regroupement dans ces MSP (ou dans des structures collectives privées) permet aux professionnels de mutualiser leurs moyens (locaux, équipement, salarié) et de rehausser leurs conditions de travail. Côté patientèle, cela peut permettre de réduire ou mutualiser les déplacements vers les professionnels de santé.
Télémédecine, déconventionnement : d’autres alternatives testées
Pour répondre à leurs problématiques et faire évoluer leur quotidien, les praticiens peuvent se tourner vers d’autres mesures alternatives.
Certains choisissent la voie du déconventionnement, pour fixer librement leur tarif de consultation. Le remboursement de la sécurité sociale se borne alors à 0,61€ et le patient doit se tourner vers sa mutuelle pour obtenir un complément, souvent partiel. Ceci peut poser des questions éthiques mai aussi économique : quel tarif fixer et quel impact sur la patientèle ?
Grâce aux nouvelles technologies et à la démocratisation de la visioconférence, bon nombre de praticiens proposent des téléconsultations : selon la DREES, début 2022, plus de 3 praticiens sur quatre répondaient avoir déjà effectué une consultation à distance.
L’usage de la télémédecine permet de limiter les temps de transport et de prendre en charge des patients éloignés mais nécessite une adaptation des pratiques notamment pour le diagnostic (interrogatoire minutieux, recours à l’auto-palpation du patient, usage de camera mobile…).