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Drone dans un champ

L’innovation : de la technologie, mais pas seulement

Jusque dans les années 90, innover signifiait souvent mécaniser les cultures et automatiser l’élevage. Depuis, la notion a évolué. Si la robotisation poursuit ses avancées, de nombreuses innovations, non technologiques, ont émergé en parallèle. Car innover, c’est avant tout améliorer en faisant différemment.

D’autres pratiques agronomiques

Depuis une vingtaine d’années, les pressions environnementales, agronomiques et sociétales ont conduit l’agriculture à inventer des modèles de production différents. Le non-labour, l’agriculture de conservation des sols (ACS), les techniques culturales simplifiées (TCS), la permaculture… sont autant de systèmes que l’on peut qualifier d’innovants car les premiers exploitants qui les ont adoptés à grande échelle ne disposaient pas de références. Bien souvent, ces innovations ont été le fruit d’observations, de réflexions et d’inventions conduites par des agriculteurs qui s’appuyaient sur leur propre expérience. Ces concepts font aujourd’hui l’objet de recherches pour améliorer les performances techniques et économiques au travers, par exemple, du choix des productions, des rotations, des matériels.

Les nouvelles technologies appliquées aux cultures

Les cabines de tracteurs et de machines agricoles comportent désormais de nombreux écrans fournissant à l’opérateur toutes sortes d’informations numériques ou graphiques. Les GPS permettent de travailler avec des systèmes de guidage automatiques et précis, d’éviter les recouvrements, les manques de fertilisation ou de traitement, grâce à des systèmes de coupures de tronçons sur pulvérisateurs et épandeurs. L’attention de l’opérateur, libérée de la conduite, peut se reporter sur les fonctions de surveillance et de contrôle des indicateurs de bord. De même, l’obtention de cartes de rendement sur les machines de récolte à l’intérieur d’une même parcelle permet l’ajustement automatique de la fertilisation l’année suivante. Une prochaine étape sera le repérage et le traitement par drone de zones très localisées infestées par des adventices. Et ce ne sont que quelques exemples.

Dans un autre domaine, le développement d’outils d’aide à la décision (OAD), avec des modèles prédictifs de développement de maladies en fonction de l’histoire de la parcelle et de la climatologie de l’année, facilite et optimise la prise de décision quant à la pertinence d’une intervention.

Les animaux apprivoisent les technologies

En 1992 fut installé le premier robot de traite dans un élevage français. En 2019, on estimait que 17 % des vaches étaient traites par un système robotisé. Encore minoritaires sur le terrain, ces dispositifs représentent aujourd’hui 50 % des nouvelles installations de traite. D’innovante, la technologie est devenue courante. Ce qui l’est moins, c’est l’imagination dont certains éleveurs font preuve pour continuer à faire pâturer leurs vaches. Au-delà des quelques-uns qui ont osé installer le robot au beau milieu des pâtures, d’autres déploient des trésors d’inventivité pour inciter leurs vaches à s’éloigner du bâtiment afin de rejoindre les prairies, puis revenir, individuellement et sans intervention humaine, au robot pour être traites. L’objectif est que l’amélioration du confort de travail de l’éleveur ne nuise pas aux résultats économiques de l’élevage, ni au bien-être animal ou à la perception que la société en a.

De par la conception même des systèmes d’élevage, les ateliers porcins sont probablement les plus enclins à se tourner vers les nouvelles technologies. Régulation de l’ambiance des bâtiments, alimentation de précision des animaux, détection précoce des signes cliniques… la recherche appliquée propose toute une palette de solutions sophistiquées.

Innover aussi par la simplicité

À l’inverse, des éleveurs penchent pour une optimisation par simplification des procédés. Les élevages laitiers irlandais et néo-zélandais constituent une référence en la matière. Leurs systèmes peuvent passer pour très rudimentaires au vu de leurs installations, que ce soit pour la traite ou pour le couchage des animaux. Leur productivité et leurs résultats économiques au sommet ont pourtant eu raison des sceptiques. Depuis les années 2000, un grand nombre d’éleveurs français s’en est inspiré pour construire des systèmes herbagers « à la française ». Très peu technologiques, ils requièrent un sens de l’observation et une capacité d’adaptation très forts.

Observer, réfléchir, créer, essayer… c’est sans doute cela innover. Parions que les innovations actuelles et prochaines porteront sur la façon de réduire au maximum le recours à celles d’hier (engrais et produits phytosanitaires de synthèse, énergies fossiles, etc.).

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