Diversifier son activité pour mieux financer la transmission
"Il faut savoir faire preuve d'un certain opportunisme"
Jacques Mathé : Comment a démarré votre parcours entrepreneurial ?
David Dupuy : Mon père a fondé une entreprise de maçonnerie il y a 45 ans. Je l'ai rejoint tout naturellement et cela fait 20 ans que nous travaillons ensemble. Nous sommes situés près de Cognac et nos clients sont surtout des viticulteurs. Nous réalisons des bâtiments agricoles et des chais, avec souvent des rénovations dans des propriétés de caractère. Nous profitons de l’environnement du vignoble de Cognac qui nous fournit la majorité de notre activité. L’habitat individuel représente moins de 15 % de notre chiffre d’affaires. Nous bénéficions d’une belle notoriété. C’est important dans les activités du bâtiment, le bouche à oreille est souvent la meilleure stratégie commerciale.
J.M. : Votre père et associé devra partir un jour à la retraite. Comment abordez-vous cette prochaine étape ?
D.D. : Le financement de la part de capital détenue par mon père représentait un vrai souci. Ma préoccupation était de trouver une source de revenus en complément de l’activité de maçonnerie. Aussi, j’ai créé en 2020 une entreprise de terrassement, concassage et recyclage. Le but était d’installer un cercle vertueux en valorisant les gravats et les matériaux de la déconstruction pour les réutiliser dans les chantiers de terrassement.
J.M. : Comment avez-vous envisagé la diversification de votre activité ?
D.D. : Je ne me voyais pas quitter mon métier du bâtiment. Je fais ce que je connais le mieux, souvent avec les mêmes clients ou dans la même aire géographique. Selon moi, il est trop risqué de se diversifier dans des métiers qu’on ne connaît pas. Le recyclage a une croissance très rapide, au-delà des attentes. C'était la bonne diversification. Puis en 2022, j’ai créé une nouvelle entreprise de transport. Nous sommes équipés de camions pas toujours utilisés. L’idée est d’optimiser leur utilisation pour augmenter le chiffre d’affaires. Avec l’activité de recyclage, je transporte des déchets ferreux dont je n’ai pas l’usage. Je vends donc la ferraille à des entreprises spécialisées qui m’ont proposé ensuite de transporter une partie de leurs déchets. Ces opportunités ont fait le succès de cette activité de transport.
J.M. : La croissance des deux activités que vous possédez à 100 % va-t-elle donc permettre de racheter l’activité maçonnerie ?
D.D. : C’est exactement la stratégie. Je double le chiffre d’affaires tous les ans. En 2022, il s’élevait à 270 000 €, en 2023 à 980 000 € et je prévois 1,8 million € pour 2024. Pour les ressources humaines, c’est la même chose. Nous avions une dizaine de salariés en maçonnerie avant ma diversification. Aujourd’hui, nous avons 26 employés pour les trois activités.
J.M. : Quelles sont vos perspectives ?
D.D. : Le potentiel de croissance est énorme, notamment pour le transport qui va représenter 80 % du chiffre d’affaires du groupe. Grâce à mon réseau, je réponds à des demandes spécifiques des clients, comme le transport de marc pour un domaine viticole et celui de la ferraille qui mobilise déjà quatre camions. Il faut savoir faire preuve d’un certain opportunisme, d’adaptabilité et de pragmatisme. La confiance de nos clients a été aussi une force majeure. Ma priorité est de mieux structurer l’entreprise. Je prévois de recruter deux postes d’encadrement pour mieux piloter les activités : un pour la partie maçonnerie/terrassement et un pour la partie transport.
Les clés de la réussite
Les trois conseils de David Dupuy pour financer la transmission grâce à la croissance externe :
- Aller chercher des sources de revenus hors de l’activité existante, mais dans son prolongement.
- Utiliser son réseau professionnel et ses clients pour sécuriser le chiffre d’affaires.
- Saisir les opportunités de chiffre d’affaires grâce à un service total (flexibilité, capacité d’adaptation aux demandes des clients).