Témoignage client-adhérent Cerfrance
GAEC La Pomarède : diversification à tous les étages
En Dordogne, premier département français pour le tourisme rural, l’agritourisme fait partie des gènes. Cette activité représente une grande part du chiffre d’affaires de la ferme d’Adrien et Romain Bourges, mais ce n’est pas la seule ! Les deux frères s’attachent à élargir la palette de leurs activités, cherchent à se diversifier et saisissent les opportunités.
Notre objectif est d’être totalement indépendants et de valoriser tous nos animaux par nous-mêmes.
Jacques Mathé : Nous sommes en plein cœur de l’été, est-ce la période où l’activité de votre ferme est la plus intense ?
Adrien Bourges : Oui, les hébergements sont complets et nous devons aussi assurer les récoltes de grains autoconsommés pour le troupeau de brebis et l’engraissement des porcs. L’activité de transformation dans le laboratoire nous occupe également une journée par semaine. Le travail ne manque pas !
J.M. : Cette forte activité estivale est-elle ancienne ?
A.B. : Oui, tout à fait ! Notre ferme est une pionnière de l’agritourisme. Mon grand-père avait déjà créé un gîte au début des années 1970, donc il y a plus de 50 ans ! Mes parents ont ajouté des hébergements supplémentaires, dont un camping à la ferme, et proposé de la transformation fermière. Ils vendaient des poulets cuits aux vacanciers, des pâtés et des légumes. Pour le reste des productions, c’était une ferme typique de Dordogne avec du tabac, du maïs, des noyers et une production animale. Dans notre cas, un troupeau d’ovins allaitants occupait les coteaux et les terres en herbe non labourables.
J.M. : Avez-vous, vous aussi, repris toutes ces productions ?
A.B. : Oui, mais en simplifiant le tout et en développant d’autres productions. Dans les années 2000, mes parents avaient investi dans un laboratoire aux normes européennes. Cela a permis de transformer la viande ovine. On la découpe et la propose sous vide, prête à congeler, en fonction de la demande des clients. Et avec l’autoclave, on produit davantage de conserves et de pâtés.
J.M. : En quelle année avez-vous repris la ferme ?
A.B. : Je me suis installé en 2007 à la suite du décès de mon père et j’ai repris toutes ses activités, avec une centaine d’hectares. En 2010, mon jeune frère, qui suivait des études de biologie, m’a rejoint.
J.M. : Et depuis, votre ferme s’est-elle agrandie ?
A.B. : Pas vraiment en termes de taille, mais nous avons beaucoup diversifié nos activités. Nous exploitons 120 ha entièrement en production biologique, avec un troupeau de 200 brebis et 17 ha de noyers qui arrivent en production. Dans les années 2010, nous avons commencé à faire les marchés gourmands, c’est-à-dire des marchés avec restauration fermière. À partir de ce moment-là, tous les agneaux élevés sur la ferme étaient vendus en direct, 200 agneaux. Nous élevons également 60 porcs en plein air, engraissés et transformés sur place. Notre objectif est d’être totalement indépendants et de valoriser tous nos animaux par nous-mêmes.
J.M. : Et qu’en est-il des hébergements touristiques ?
A.B. : Nous continuons à développer notre offre. En plus des gîtes, nous avons rénové un manoir de famille comprenant 15 places. Nous proposons des séjours en pension complète ou en demi-pension. Cette activité génère 25 000 euros de chiffre d’affaires et plait beaucoup. Mon frère est un bon cuisinier et l’ensemble des produits que nous proposons à manger vient de la ferme.
J.M. : Avez-vous d’autres projets en cours ?
A.B. : Oui, car on aime saisir les opportunités ! Nous avons répondu à la demande d’une entreprise voisine appelée Les jardins de sainte Hildegarde, spécialisée dans la médecine douce et la nutrition. Pour elle, nous cuisinons des bouillons de pieds de veaux, à partir d’une recette que nous avons mise au point. Nous vendons cela en boîtes de conserve, prêtes à être étiquetées. Il s’agit d’une prestation ; la commercialisation et le marketing sont assurés par le laboratoire. Nous préparons également des pâtés de foie de volaille bénéfiques pour les personnes carencées en fer. Ces prestations représentent désormais un tiers de notre chiffre d’affaires et permet d’utiliser notre cuisine sans coût supplémentaire. Et les perspectives de développement sont très prometteuses…
J.M. : Comment voyez-vous l’avenir ?
A.B. : On aimerait poursuivre nos investissements dans l’immobilier pour faire du locatif annuel ou du saisonnier. C’est une façon de diversifier le capital. Nous avons créé la SARL pour gérer notre capital immobilier. On ne s’interdit rien sur ce secteur. C’est une garantie pour l’avenir et aussi une facilité pour la transmission de ce capital par rapport à celui de la ferme. Nous travaillons aussi avec un autre de nos frères qui gère un gîte de groupes avec plus de 12 logements d’une capacité de 90 personnes. Mes parents avaient créé ce gîte en rénovant un séchoir à tabac. La logique familiale est de faire fructifier au maximum nos outils de travail.