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Témoignage client-adhérent Cerfrance

Une alternative aux pesticides

Ingénieur en mécanique, Sébastien Gorry a créé en 2019, Cyclair, une start-up qui propose une solution robotique de désherbage mécanique grâce à l’intelligence artificielle. Après une carrière dans l’industrie, il déploie aujourd’hui son robot autonome au cœur du Poitou, dans la ferme familiale.

"On espère 200 à 300 machines opérationnelles d'ici à 5 ans"

Jacques Mathé : Peut-on dire que Cyclair est en quelque sorte une start-up des champs ?

Sébastien Gorry : L’idée de mon entreprise est née dans les champs qui jouxtent les locaux de Cyclair. Je ne suis pas un agronome, je n’ai pas fait d’études agricoles, mais j’ai grandi dans une ferme. J’ai observé les mutations du métier d’agriculteur, notamment dans la conduite des cultures et l’utilisation des produits phyto-sanitaires. Les normes environnementales demandent une diminution des pesticides, mais les alternatives pour y répondre sont limitées par nos savoirs actuels.

JM : Comment est née Cyclair ?

SG  : Tout en continuant à travailler chez Air Liquide, j’ai essayé d’adapter la technologie de la robotique à l’élimination des adventices, comme une alternative aux herbicides. Il n’était pas question de réaliser ces pré-recherches dans le cadre d’une start-up, je devais prendre sur mon temps personnel et les autofinancer. Quand j’ai quitté mon emploi en 2023, Cyclair existait déjà depuis 2019. Pendant un an, j’ai été le seul employé, puis je me suis associé avec deux autres compétences. Quentin est un expert de la robotique et de l’intelligence artificielle, et Camille est un spécialiste des systèmes d’organisation des opérations.

JM : Quelles sont les principales expertises de votre start-up ?

SG : Au début, grâce à mes origines et à ma connaissance du métier d’agriculteur, j’ai joué le rôle d’agronome. Les premiers recrutements ont été réalisés en avril 2021 avec des ingénieurs et des docteurs en intelligence artificielle, mais aussi avec des agronomes et des techniciens agricoles. Nous sommes aujourd’hui une quarantaine de personnes. Il faut avouer que la France possède un vivier d’experts parmi les meilleurs au monde dans les engins autonomes et l'intelligence artificielle.

JM : Comment envisagez-vous l’évolution de votre start-up ?

SG : Cette année, les sept machines en opération vont générer nos premières recettes. Mais nos besoins de trésorerie sont encore importants. Nous avons levé 2,1 millions d’€ en 2023 et nous lancerons une nouvelle levée de capitaux d’ici septembre 2024. Les investisseurs sont très divers, comme le Fonds régional NouvelleAquitaine, Bpifrance1 , deux coopératives, des banques et autres porteurs de fonds privés. Mon travail est de valoriser le potentiel de retour sur investissement de notre start-up. Depuis ce printemps, nous ne sommes plus seulement un labo de recherche, nous avons nos premiers clients. La nouvelle levée de fonds va financer en partie le déploiement de nos robots. Notre modèle commercial s’appuie sur une prestation à l’hectare. À terme, nous devrons évoluer comme un fabricant, avec un potentiel de 200  machines à commercialiser par an et un modèle qui mixte vente du produit, licence et prestations SAV. On espère 200 à 300 machines opérationnelles d’ici à 5 ans, toutes fabriquées à Pressac au milieu des moutons et des vaches.

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